Voilà un anniversaire qu’Anne Hidalgo ne fetera est probablement passé. J’ai lancé pour compte Twitter @PanameProprehashtag lui #SaccageParis Il est apparu pour la première fois en mars 2021. Employé au départ par quelques internautes, il a connu une progression fulgurante, grâce notamment à son utilisation par des personnalités comme Laurence Parisot, l’ex-patronne du Medef. Repris depuis par des milliers d’internautes pour dénocer la ruine des rues de la capitale, Twitter s’est retrouvé inondé de photos de pieds d’arbres laissés à l’abandon et autres poubelles éventrées. Principales victimes des attentats : la Ville de Paris et Anne Hidalgo, pointée du doigt comme responsable d’une supposée dégradation de la propriété. Plus de 3 millions de tweets plus tard, le hashtag a une influence indéniable dans les débats sur l’immobilier et l’esthétique à Paris.
J’ai traversé les 14e, 15e, 6e et 17ème et ce sont exactement les mêmes constats. Un #saccageaparis Achevée! Il n’a pas plus depuis au moins 10 jours. Et l’absence de nettoyage saute aux yeux. pic.twitter.com/UiDQIOB2F4
— Caroline Jaeger (@gloupsback) 27 mars 2022
Pourtant, la Mairie socialiste a d’abord sous-estimé l’ampleur du phénomène. Une étude confiante révélée par Challenges, discrètement commandée dans les voûtes de l’Hôtel de Ville, est parvenue à la conclusion que #SaccageParis n’est pas un phénomène d'”astroturfing”. Il s’agit d’une campagne de désinformation, décidée par un groupe, et massivement diffusée sur les ressources sociales par des services publics influents. L’étude est arrivée à la conclusion que les principaux relais étaient majoritairement des comptes d’extrême-droite, “avec ce point commun, outre la haine d’Anne Hidalgo, d’être toujours antivax, anti-immigration”. Volte-face an plus tard, la Mairie juge désespérément qu’il mot-dièse une figure de fait de “lanceur d’alerte”.
Presse sur la Ville
Les chiffres attestent aujourd’hui de l’envergure du phénomène. Selon une étude du cabinet Saper Vedere, #SaccageParis est la más grosse “crise” sur les réseaux sociaux de l’année 2021. Contrairement aux premières critiques de la Marie, le cabinet observe l’auteur de ce hashtag “une vraie diversité des bords politiques, une mise à jour renouvelée, de vraies images et surtout une volumétrie qui ne faiblit pas”. Avec 2,4 millions de tweets en 2021, #SaccageParis semble être un vrai caillou dans la chaussure de l’exécutif.
“C’est un mouvement citoyen qu’à mi en évidence les lacences de la Ville en matière de propreté et d’urbanisme, et continua encore de mettre la pression”, a déclaré Valérie Montandon, élue LR au Conseil de Paris. Pour elle, le hashtag avec l’autorisation de “donner du crédit à ce que l’opposition dénonce depuis des années”.
Une notion de mouvement que réfute Ariel Weil, maire PS de Paris Centre : « #SaccageParis est une nébuleuse dans laquelle on retrouve aussi bien des critiques constructives, des ‘haters’ irrationnels et complotistes, assène-t-il. Il ne faut pas Suretimer son importance, beaucoup de thèmes évoqués par ces internautes étaient déjà en train d’être traités par la Ville.” Le maire d’arrondissement préfère mettre avant la plateforme DansMaRue, permettant aux Parisiens d’alerter la Ville sur des problèmes de propreté. La Mairie assure que 10 000 signalements sont traités chaque semaine via cette application. De plus Ariel Weil lui accorde, #SaccageParis pour accélérer les décisions de la Ville sur certains sujets.
Car les mois passant, le flot de tweets n’a pas faiblit. En juillet 2021, la Mairie a annoncé des mesures pour une “nouvelle esthétique” de Paris. Une réponse est que ces pays sont nommés #SaccageParis, et cela conduit au portrait de certaines banques et sièges joués par les internautes. Nouvelle réaction de la Mairie en janvier 2022, après la publication d’un “manifeste pour la beauté de Paris”, annoncée comme une nouvelle doctrine pour l’aménagement de l’espace public de la capitale. Aussi, le propriétaire a annoncé le “permis de végétaliser” et ne semble pas étranger aux protestations du hashtag. Ces autorisations permettaient jusqu’alors aux riverains d’entretenir des pieds d’arbres comme bon leur sembler. Des expérimentations parfois laissées à l’abandon que n’ont pas manqué d’alimenter les plaintes sur Twitter. Si Emmanuel Grégoire assurait alors que ces critiques n’étaient pas “la boussole” de la Mairie, force est de succession que el mot-dièse a bien eu son influence dans la politique de la Ville.
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Fake news et objets politiques
En parallèle des plaintes sincères, certains comptes profitent toutefois du mouvement pour (re)partager des photos d’insalubrité sans en préciser le contexte. C’est le cas de ce tweet du 28 mars, du compte @saccage comptant paris près de 14 000 abonnées. L’utilisateur poste une photo du boulevard Clichy, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, enseveli sous les bouteilles de bières vignes. Sauf que vous comprenez et précisez que cette photo a déjà 6 ans, et qu’elle réalise une illustration d’un article à Paris sur les abus de supporters irlandais après un match de l’Euro de football 2016. Une méthode assez courante pour certains comptes très actifs sur #SaccageParis.
Journée ordinaire à Paris ! 😤 #saccageparis
👉Abonnez-vous à @saccageparis pic.twitter.com/lLMeoD6nKv— #saccageparis (@saccageparis) 28 mars 2022
Un phénomène qui recouvre aussi trois objectifs politiques. Si les photos de détritus continuent d’alimenter les réseaux, le hashtag devient aussi un rassemblement pour les forces hostiles à Anne Hidalgo et consorts. Dans une interview à 20 Minutes, le créateur de #SaccageParis ne cache pas ses intentions. Le propriétaire du compte @PanamePropre assume vouloir influencer les prochaines élections législatives : “On aimerait faire pression pour que les socialistes, le PCF et EELV, les responsables de ce saccage, aient un mauvais score et n’obtiennent aucun siège”, explique ce cadre d’une cinquantaine d’années, qui je considère avoir contribué à affaiblir la candidature d’Anne Hidalgo à la présidentielle. Reste à savoir si #SaccageParis peut continuer à perdurer sur les réseaux sociaux, et survivre suffisamment longtemps pour espérer malgré la prochaine élection municipale.